Voyage d'étude, Rabat, Living Lab Aït Otmane

Voyage d'étude - Living Lab Aït Otmane

Maroc, Rabat, 4 juillet 2025

1) Contexte et objectif :

Dans le cadre du projet NATAE, l'Ecole Nationale d'Agriculture de Meknès a organisé, en collaboration avec le Réseau des Initiatives Agroécologiques au Maroc, le 4 juillet 2025, un voyage d'étude à Rabat au profit des agriculteurs du Living Lab Aït Otmane. Cette initiative s'inscrit dans une démarche participative visant à renforcer les capacités des agriculteurs et à favoriser le transfert de connaissances en agroécologie. L'objectif principal de cette sortie était de favoriser l'échange d'expériences entre les participants et de leur permettre de découvrir des pratiques agroécologiques innovantes, notamment à travers des rencontres avec des experts, des agriculteurs pionniers et des visites de sites agricoles exemplaires. Ce voyage a également stimulé la réflexion collective sur les alternatives durables aux pratiques agricoles conventionnelles, en phase avec les défis climatiques et environnementaux actuels.

2. le lieu de la visite :

Ferme visitée : ferme biologique située à El Arejat Coordonnées GPS : 34°00'47.7″N, 6°38'48.2″W

3. le programme d'activités

Activité 1 : Accueil et premiers échanges

La journée a débuté par une session d'accueil et de présentation, au cours de laquelle chaque participant a eu l'occasion de se présenter et d'expliquer son expérience agricole, favorisant ainsi un premier échange riche entre les agriculteurs du Living Lab d'Aït Otmane et les hôtes de la ferme visitée. Ces présentations ont permis de créer un climat de confiance, propice à l'échange de savoir-faire et au partage de pratiques agricoles. Cette première étape a jeté les bases d'un dialogue ouvert et constructif tout au long de la journée.

Activité 2 : Présentation de l'expérience agroécologique
  • Histoire de la ferme

L'exploitation visitée représente un exemple concret de transition réussie vers l'agroécologie. L'adoption de pratiques agroécologiques a commencé en 2006, sur une surface modeste d'environ 1 000 m². Dès 2007, la production agricole a été lancée, marquant le début d'un système de culture basé sur des principes écologiques, y compris la fertilisation organique, les associations de cultures et l'intégration de l'élevage et de l'apiculture. La ferme a également commencé la commercialisation directe de ses produits, principalement dans le centre de Rabat, contribuant ainsi à la diffusion des produits issus de l'agriculture durable.

Échange sur les principaux défis

Un échange ouvert a été organisé entre les agriculteurs du Living Lab Aït Otmane et les responsables de la ferme d'accueil. Cet échange a mis en lumière plusieurs défis majeurs auxquels sont confrontés les agriculteurs engagés dans l'agroécologie :

Le manque de formation spécifique : De nombreux agriculteurs soulignent le manque de programmes adaptés à l'agroécologie, ce qui limite leur capacité à améliorer ou à diversifier leurs pratiques.

Difficultés d'accès au marché : la valorisation des produits agroécologiques reste un défi, notamment en raison du manque de canaux de distribution alternatifs et de la concurrence avec les produits conventionnels.

Besoin d'assistance technique : les producteurs expriment un besoin accru d'encadrement, notamment en matière de gestion de la fertilité des sols, de lutte écologique contre les ravageurs et d'organisation de la production.

Les participants ont ainsi l'occasion de partager leurs expériences, de s'identifier aux défis rencontrés et de réfléchir ensemble à des solutions durables adaptées au contexte local.

Activité 3 : Visite guidée de l'exploitation

La troisième activité de la journée consistait en une visite guidée détaillée de la ferme d'accueil, qui a donné aux participants l'occasion d'explorer une variété de pratiques agricoles agroécologiques appliquées sur le site. Cette visite a été un moment crucial pour voir de manière tangible la mise en œuvre de principes durables dans le domaine agricole.

Les principales pratiques observées sont les suivantes :

Agroécologie intégrée : l'exploitation applique une variété de techniques agricoles respectueuses de l'environnement et adaptées aux contextes locaux.

Agroforesterie : combinaison judicieuse d'arbres, de cultures et parfois de bétail sur une même parcelle, favorisant la biodiversité et la résilience des systèmes de production.

Permaculture : développement de terres agricoles selon les principes de durabilité, d'efficacité et d'interaction positive entre les éléments du système.

Rotation et association des cultures : mise en œuvre d'une rotation et d'une association régulières des cultures sur des bandes de 6 à 7 mètres, afin de prévenir les maladies, d'améliorer la fertilité du sol et d'optimiser l'espace.

Maraîchage varié : l'exploitation développe une grande diversité culturelle, notamment en matière de légumes de saison.

L'apiculture : La présence de ruches favorise la pollinisation naturelle et renforce les écosystèmes environnants.

Élevage : intégré au système de production, l'élevage contribue à la fertilisation des sols.

Fertilisation organique : utilisation du fumier produit sur place, assurant un enrichissement naturel du sol.

Désherbage manuel : utilisation de méthodes mécaniques et manuelles pour limiter l'utilisation de produits chimiques.

Système d'irrigation durable : utilisation d'un système d'irrigation au goutte-à-goutte alimenté par une pompe solaire, avec stockage de l'eau dans un bassin, garantissant une gestion efficace et économique de la ressource.

La ferme vend directement à domicile, avec une clientèle régulière de 40 à 60 familles, ce qui permet de renforcer le lien producteur-consommateur, de réduire les intermédiaires et de promouvoir les produits frais et locaux.

Activité 4 : Discussion sur le système de certification SPG - RIAM
  • Présentation du système participatif de garantie (SPG) - RIAM
  • Exigences du SPG
  • Avantages du SPG pour les petits producteurs
  • Procédure d'obtention de la certification SPG

Journée d'échange Laboratoire vivant de Skoura

Journée d'échange Laboratoire vivant de Skoura

Maroc, le 17 juillet 2025

1) Contexte et objectif :

Dans le cadre du projet NATAE, l'Ecole Nationale d'Agriculture de Meknès en collaboration avec le Réseau des Initiatives Agroécologiques au Maroc a organisé, le 17 juillet 2025, une journée d'échange entre les agriculteurs du Living Lab de Skoura sur le thème de l'agroécologie. Cette initiative est une approche participative visant à renforcer les connaissances des agriculteurs et à promouvoir l'apprentissage collectif des pratiques agroécologiques. L'objectif principal de la réunion était de fournir un espace aux agriculteurs pour partager leurs expériences et leurs connaissances locales, tout en abordant les défis rencontrés sur le terrain. Ces échanges ont permis aux participants de réfléchir collectivement à des alternatives aux pratiques agricoles conventionnelles par rapport aux réalités agro-climatiques du territoire de Skoura. Cette activité a également contribué à créer une dynamique communautaire au sein du Living Lab et à soutenir la transition agroécologique engagée sur le territoire.

2. le lieu de l'activité :

L'activité s'est déroulée au Living Lab montagneux de Skoura M'daz, situé dans la préfecture de Boulemane, dans la région de Fès-Meknès. La sélection des participants a été faite de manière à assurer une représentation des différentes zones du Living Lab, en tenant compte de la diversité des conditions locales en matière de disponibilité et de gestion de l'eau et des systèmes agricoles. Des représentants d'associations et de coopératives actives sur le territoire ont également été invités afin d'assurer une large diffusion des informations et des échanges issus de cette journée à l'ensemble de la communauté du Living Lab.

3) Procédure d'échange

La session a débuté par une présentation des participants, composés de 16 agriculteurs issus des différentes zones du Living Lab de Skoura M'daz, représentant diverses coopératives (notamment dans les secteurs des plantes aromatiques et médicinales, des olives, etc. Les équipes de l'ENAM et du RIAM étaient également présentes.

L'échange a été initié par un membre de l'équipe du RIAM, qui a souligné l'importance de l'agroécologie comme seule alternative viable pour préserver un système agricole sain, respectueux de la nature et bénéfique pour la santé humaine. En particulier, il a été mentionné que les problèmes croissants de fertilité et de qualité des sols, ainsi que la raréfaction des ressources en eau, rendent cette transition indispensable.

Le président du RIAM a ensuite introduit la discussion autour du concept d'agroécologie, invitant les agriculteurs à partager leurs propres définitions et perceptions. Cette ouverture a permis aux participants d'échanger librement et de souligner les avantages qu'ils associent à l'agroécologie, en particulier l'abandon des pesticides et des produits chimiques, perçu comme un pas vers une agriculture plus saine.

La discussion s'est ensuite orientée vers un ensemble de pratiques agricoles et agroécologiques, notamment :

  • La fertilisation organique (compost, fumier, thé de fumier), reconnue pour son rôle dans la conservation de la biodiversité, tant en surface qu'en sous-sol. Un participant a soulevé la différence entre le fumier, riche en azote et en carbone, et le thé de fumier, qui ne contient que de l'azote, nécessitant ainsi un apport externe de carbone.
  • Le labourage profond, critiqué pour ses effets négatifs sur la biodiversité interne du sol, perturbe les écosystèmes, réduit l'humidité du sol et contribue à la dégradation du sol. Il perturbe les écosystèmes, réduit l'humidité du sol et contribue à sa dégradation.
  • L'association des légumineuses avec d'autres cultures, soulignée pour sa capacité à enrichir le sol en azote grâce à la bactérie Rhizobium, présente dans les racines des légumineuses.
  • La rotation des cultures, recommandée pour ses avantages économiques (diversification des revenus) et écologiques (amélioration de la fertilité des sols et de la biodiversité).
  • L'utilisation de semences locales, plus adaptées aux conditions climatiques et aux sols du territoire.
  • La gestion de l'eau et l'irrigation, un sujet largement débattu. Il a été souligné que dans certains contextes, l'irrigation par gravité peut être plus bénéfique que l'irrigation au goutte-à-goutte, surtout si elle est effectuée toutes les deux semaines. Cette méthode favorise un développement plus profond des racines. Les participants ont également insisté sur l'importance de la présence humaine sur la parcelle et du lien émotionnel avec les cultures. Le moment optimal pour l'irrigation a été identifié entre minuit et 3 heures du matin, lorsque les plantes absorbent le mieux l'eau.

L'agroforesterie, perçue comme un levier essentiel pour la protection de l'écosystème, grâce à l'association harmonieuse entre les arbres et les cultures agricoles.

Enfin, la question de savoir comment convaincre les agriculteurs de s'engager dans une transition agroécologique a été soulevée par l'un des participants. Il a été répondu que les avantages concrets de l'agroécologie - tels que la réduction des intrants, la diminution des coûts de production et la diversification des revenus - constituent des arguments convaincants et prometteurs pour encourager l'adoption progressive de ces pratiques durables.

La discussion a également porté sur le système participatif de garantie - RIAM. Les participants ont discuté du fonctionnement du système de garantie participatif, de ses exigences, de ses avantages pour les petits producteurs, ainsi que de la procédure à suivre pour obtenir cette certification.

Rapport du séminaire, 29 juin, Alger

Transition agroécologique dans les différents écosystèmes pour la lutte contre le changement climatique en Algérie : réflexions autour d’une approche multi-acteurs
Alger, le 29 juin 2025

Le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD) et le réseau multi-acteur d’agroécologie en Méditerranée (MEDAE) ont organisé un séminaire sur « Transition agroécologique dans les différents écosystèmes pour la lutte contre le changement climatique en Algérie : réflexions autour d’une approche multi-acteurs ». Le séminaire a vu la participation de partenaires du projet NATAE mais aussi des professionnels de l’agroécologie (agriculteurs, réseaux et organisations), des représentants de l’administration agricole, de l’enseignement supérieur, des chercheurs et des agents de développement ainsi que des représentants des médias.

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Le séminaire a été séquencé en trois sessions. La première traite de l’agroécologie dans différents agrosystèmes de l’Afrique du Nord, la deuxième est consacrée au témoignage d’un panel de professionnels en agroécologie (agriculteurs, réseaux et associations) et la troisième aux politiques et programmes pour la transition agroécologique.

Session 1 : L’agroécologie dans différents agrosystèmes de l’Afrique du Nord

Cette session, animée par Amel Bouzid, directrice de la division agriculture, territoire et environnement au CREAD, a été dédiée à des communications qui abordent l’agroécologie dans la région Afrique du nord à travers le prisme du projet NATAE. Mélanie Requiers-Desjardins a présenté le projet qui est consacré à la transition agroécologique en Afrique du Nord. Ce projet s’appuie sur l’outil des living lab déployés sur 7 sites en Afrique du nord (Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte et Mauritanie), sur quatre types d’agrosystèmes : oasien, montagneux, céréaliers et périurbains et cinq replicants lab dans des localités avec les mêmes agrosystèmes. L’approche multi-acteurs et l’approche participative ont été adoptées pour le diagnostic territorial, les expérimentations de pratiques agroécologiques et l’élaboration de scénarios de transition agroécologique. Des résultats encourageants commencent à être perceptibles par rapport à l’adoption des pratiques agroécologiques et sur l’existence d’écosystèmes locaux capables de porter cette forme d’agriculture qui est capable de garantir la préservation des ressources naturelles, de la biodiversité et de la santé humaine.

Le réseau multi-acteurs sur l’agroécologie en Méditerranée (MEDAE) créé dans le cadre du projet NATAE a été présenté par Rita Jalkh, membre de l’executive board du projet. Ce réseau vise à créer une communauté de connaissances et de renforcement des capacités et à poursuivre les échanges et les collaborations au-delà et après le projet NATAE. La présence d’organisations de l’écosystème de l’agroécologie visait à susciter leur intérêt pour intégrer le réseau

Les premiers résultats du projet NATAE sont illustrés dans les présentations suivantes. Celle de Karima Boudedja, chercheur au CREAD et leader du living lab de Tizi-Ouzou, en Algérie, pour l’agrosystème montagneux, a abordé la concrétisation de la méthodologie et a abouti à l’élaboration de scénarios de transition agroécologiques qui ont intégré les pratiques agroécologiques expérimentées, dans le cadre du projet, mais aussi des aspects de gouvernance et de structuration des chaines de valeurs : la facilitation de l’accès aux ressources notamment la terre, le renforcement des compétences par le biais de la formation et l’organisation des agriculteurs et agricultrices par le biais de la création de coopératives. Souad Benmoussa, experte au living lab de Laghouat, en Algérie, dominé par l’agrosystème oasien et péri-oasien a signalé le déclin et la surexploitation des eaux souterraines dans le système oasien et la faible productivité et dépendance aux intrants du système péri-oasien. Des stratégies sont mises en place dans le cadre du projet pour, aussi bien limiter les effets climatiques, que ceux de l’agriculture intensive et pour la préservation des ressources naturelles (sol et eau). L’agrosystème céréalier est sans doute d’une importante stratégique pour les pays de l’Afrique du Nord. Le living Lab de Siliana en Tunsie a fait l’objet de la présentation de Mehdi Benmimoune, enseignant chercheur à l’INAT et membre de l’Executive board du projet NATAE. La dégradation des sols en raison des labours profonds, du morcellement des terres et de la monoculture, ont été identifiés comme des problèmes à redresser au cours du diagnostic territorial. Des combinaisons de pratiques agroécologiques : zéro labour, association de cultures, rotations, ont été testées chez des agriculteurs et commencent à être adoptés par les agriculteurs du territoire.

Après les présentations, le débat a été très riche et les questions ont concerné les outils méthodologiques utilisées dans le projet et auquelles Mélanie Requier-Desjardins a apporté des éclaircissements quant à leur adaptation aux contextes locaux des living lab. Les autres intervenants ont profité du débat pour s’étaler plus sur l’identification des combinaisons de pratiques agroécologiques testées et les macanismes mis en place pour assurer la diffusion et la durabilité de ces pratiques.

Session 2 : Le panel de professionnels en agroécologie

Cette session a été animée par Aissa Belhadi, chercheur au CREAD. Les différents acteurs du panel ont évoqué leurs différentes riches expériences avec l’agroécologie. Certains ont découverts l’agroécologie en adoptant des modes de production qui préservent la santé des consommateurs. C’est le cas des associations Torba (Alger), Tarwa Iakourene (Yakourene-Tizi-Ouzou) et El Argoub (Laghouat). D’autres ont hérité de ce mode de production c’est le cas de l’agricultrice Imène Chebli et de l’agriculteur Anouar Boubakri, de Tunisie. Dans le cas de Imène Chebli c’est grâce à sa grand-mère, avec ses conseils, qu’elle s’est imprégnée des pratiques agroécologiques. Anouar Boubakri a appris dans le tas ces pratiques étant issu d’une famille d’agriculteurs et d’éleveurs. Un cas de conviction dans le choix de l’agroécologie comme mode de production, est illustré par l’agriculteur tunisien Amin Ben Abdallah. Il a choisi cette voie dès le lancement de son activité agricole. Il s’est bien imprégné des principes agroécologiques et fait apparaitre clairement son engagement manifeste pour ce mode de production. Il est à l’origine de la création et du lancement du réseau tunisien de la transition agroécologique (RTTA). Le dernier témoignage est celui d’un agriculteur et ex-cadre du secteur agricole à Sétif, à 350 km à l’Est d’Alger. Il explique dans son témoignage que celle-ci « est venue » à lui. Il a découvert durant un déplacement en Tunisie le non labour et ses rendements qui peuvent être supérieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle. Après l’essai du non labour dans son exploitation, il est devenu un fervent défenseur de cette pratique et ne ménage pas ses efforts pour en convaincre d’autres, même s’il reconnait que les adhésions sont mitigées. Torba à Alger, l'association Tarwa Iakourene à Yakourene, Tizi Ouzou, et l'association des El Argoub à Laghouat. D'autres, comme les agriculteurs tunisiens Imène Chebli et Anouar Boubakri, ont hérité de ce mode de production. Imène Chebli attribue aux conseils de sa grand-mère son immersion dans les pratiques agroécologiques. Anouar Boubakri a appris directement par l'expérience, en grandissant dans une famille d'agriculteurs et d'éleveurs. L'agriculteur tunisien Amin Ben Abdallah est l'exemple même de quelqu'un qui a choisi l'agroécologie comme mode de production. Il s'est engagé dans cette voie dès le début de sa carrière agricole. Il s'est imprégné des principes de l'agroécologie, démontrant ainsi son engagement pour ce mode de production. Il a contribué à la création du Réseau tunisien pour la transition agroécologique (RTTA). Un autre témoignage est celui d'un agriculteur et ancien cadre du secteur agricole à Sétif, à 350 km à l'est d'Alger. Dans son témoignage, il explique que l'idée lui est venue. Lors d'un voyage en Tunisie, il a découvert l'agriculture sans labour et ses rendements supérieurs à ceux de l'agriculture conventionnelle. Après avoir testé le semis direct sur ses propres terres, il est devenu un fervent défenseur de cette pratique et fait tout son possible pour convaincre les autres, même s'il reconnaît que l'adoption de cette méthode est mitigée.

Enfin, il ressort des expériences des différents membres du panel que le rôle du mouvement associatif est crucial dans la diffusion des pratiques agroécologiques.

Malgré quelques contraintes soulevées par les membres du panel notamment les difficultés d’accès à la terre (surtout pour les femmes) ; l’absence de certification (label); la difficulté de gérer la flore adventice ; la règlementation qui peut être contraignante surtout dans le cas de la multiplication des semences paysannes ; le manque de matériel agricole adéquat, les membres du panel sont optimistes en raison de la demande croissante des produits agroécologiques et l’intérêt de différents partenaires : chercheurs, administrateurs, techniciens à cette forme d’agriculture.

Session 3 : Politiques et programmes pour la transition agroécologique

Cette session, animée par Amine Oulmane, chercheur au CREAD, a été consacrée aux politiques et programmes de développement des formes de l’agriculture alternatives pour la lutte contre le changement climatique en Algérie : agriculture biologique, agriculture de conservation et agroécologie, y compris les efforts déployés en termes de formation et renforcement des compétences, mais aussi de conseil agricole.

La première communication a été présentée par Naima Bouras, sous directrice de l’agriculture biologique et de la labellisation au Ministère de l’agriculture, du développement rural et de la pêche. Elle a mis en exergue les programmes dont les objectifs s’accordent avec les principes de l’agroécologie, sans pour autant qu’il y ait un programme clairement déclaré comme tel. La préservation des ressources eau et sol est clairement prioritaires et se concrétise par le programme de promotion des dispositifs d’irrigation économe en eau et le programme du barrage vert contre la désertification et la conservation des sols. Alors que la préservation du patrimoine génétique et des semences locales fait partie des objectifs du programme de labellisation et de différenciation des produits. La deuxième communication assurée par Lydia Chaou de l’Institut Technique des Grandes Cultures (ITGC) a été dédiée au programme de l’institut pour pallier aux effets des changements climatiques de la production céréalière notamment l’aridité. L’institut travaille sur les variétés de semences adaptées aux différentes zones agroécologiques et des pratiques qui limitent la dégradation des sols et l’utilisation des engrais chimiques. Le dispositif de conseil agricole public intègre les thématiques des formes d’agriculture alternative dans les programmes des institutions publiques de conseil agricole. Mohamed Abdelmoutaleb, directeur adjoint de l’Institut National de la Vulgarisation Agricole (INVA) a présenté les canaux et moyens déployés (programmes radiophoniques, séances de démonstration, formations des agriculteurs) pour diffuser des thématiques en cohérence avec les programmes présentés par Naima Bouras. La conclusion tirée est qu’une marge de progression reste possible et que les programmes de recherche comme le projet NATAE peuvent constituer une source de résultats à diffuser en termes de pratiques et principes de l’agroécologie. Le même constat peut être fait pour la formation agricole. Brahim Bouchareb a présenté l’intégration de l’agroécologie dans les programmes de formation de l’enseignement supérieur et professionnel en agriculture. Même si celle-ci évolue, là également une progression est possible et la coopération internationale peut jouer un rôle, grâce aux projets de recherche et les projets de développement pour combler le retard dans ce domaine.

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Le débat a permis d’apporter plus de précision sur les programmes abordés et sur la nécessité de coordonner les efforts des acteurs, et donc l’adoption d’une approche multi-acteurs, pour permettre la mise en œuvre efficace et durable de l’agroécologie, selon les solutions adaptées aux agrosystèmes et aux contextes locaux.