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Suite des visites croisées au Maroc avec le laboratoire vivant de Skoura M’Daz (ENAM)

Du 5 au 8 avril 2025, l´ENAM (Ecole Nationale d’Agriculture de Meknes) a accueilli la troisième visite croisée organisée dans le cadre du projet NATAE Chercheurs et étudiants de l’ENAM se sont mêlés à une vingtaine d’agriculteurs, de chercheurs et d’acteurs du développement venus de Tunisie, Mauritanie, France, Italie et Pays-Bas pour partir à la découverte des activités du laboratoire vivant de Skoura M’Daz. Le groupe de participants incluait des représentants des laboratoires de Siliana (Tunisie), PK 17 (Mauritanie), ainsi que des chercheurs de WUR, l´AIMM et l´IAMB.

Les participants se sont rendus dans la province de Boulmane, dans la partie orientale du Moyen Atlas marocain, afin de découvrir le laboratoire de Skoura M’Daz situé en agroécosystème montagneux. Ces quatre jours de visite ont été structurés autour de deux grands enjeux :

(i) la conservation et l’adaptation des savoirs et savoir-faire locaux ainsi que de la biodiversité ;

(ii) l’inclusion socio-économique des jeunes et des femmes grâce à la filière des plantes aromatiques et médicinales (PAM).

En plus de plusieurs visites d’exploitations agricoles et de coopératives de valorisation et de commercialisation des PAM, les participants ont également visité la plateforme AgriTech de l’ENAM consacrée au développement et à la démonstration d’outils agricoles « low tech » et ont pu faire le tour du laboratoire vivant d’Ait Otmane situé en zone péri-urbaine et lui aussi mis en place dans le cadre du projet NATAE. Chacune de ces journées s’est conclue par l’organisation de temps d’échanges et de restitution pour permettre aux participants de revenir sur ce qu’ils ont vu et appris, ainsi que de mettre en avant des similitudes ou différences en lien avec leurs propres expériences et expérimentations dans leurs laboratoires.

(i) Conservation et adaptation des savoirs et savoir-faire locaux ainsi que de la biodiversité

Les différentes visite et échanges ont permis de mettre en lumière que les savoirs et savoir-faire locaux relatifs à l’utilisation et la valorisation de la biodiversité locale permettent d’améliorer la résilience des cultures et de participer au maintien des rendements, en particulier dans le contexte du changement climatique. Ces pratiques incluent le semis-direct, la rotation et la diversification des cultures, la production autonome de semences ou encore l’utilisation de techniques d’irrigation raisonnée. Les personnes rencontrées accordent toutes un fort intérêt pour la transmission intergénérationnelle des savoirs et viennent compléter cet héritage en introduisant progressivement dans leurs systèmes de production de nouvelles pratiques agroécologiques ou de nouvelles cultures (safran, lavande, fenugrec,…).

(ii) Inclusion socio-économique des jeunes et des femmes grâce à la filière des PAM

Les deux coopératives féminines visitées, la coopérative Ennahah à Ifrane et la coopérative Safirat Alachaab à Skoura, ont profondément impressionné les participants à la visite croisée du fait de leurs capacités de production, de valorisation et de commercialisation des PAM. En permettant à leurs membres de se structurer et d’augmenter leurs revenus, ces coopératives représentent de véritables modèles d’autonomisation sociale et économique pour les femmes rurales. Leur fonctionnement collectif, flexible et solidaire permet une répartition équitable des revenus ainsi qu’une prise en compte des charges familiales de chacune des membres. Dans ces deux coopératives les PAM étaient initialement cueillies dans les forêts environnantes mais, face à la demande croissante pour certaines plantes et devant la raréfaction de plusieurs espèces endémiques, les femmes se sont organisées pour cultiver les PAM sur des parcelles appartenant à la coopérative ou sur leurs propres parcelles. Sur ce point, plusieurs besoins ont pu émerger des échanges tenus avec ces femmes, notamment en matière de formation sur la domestication des PAM et sur leur multiplication végétative et générative. Les discussions inter-pays entre les participants à la visite croisée ont révélé que, malgré des contextes très différents, les coopératives féminines apparaissent comme de réels leviers d’innovation, de durabilité et d’inclusion.

La prochaine et dernière visite croisée prévue dans le cadre du projet NATAE se tiendra en novembre en Mauritanie, dans le laboratoire PK 17. Situé en proche périphérie de la capitale, Nouakchott, les participants y découvriront quelles combinaisons de pratiques agroécologiques peuvent être mises en place en milieu péri-urbain.